L’obscurantisme suscite des représentations ambivalentes chez les Français

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Les réseaux sociaux et les influenceurs sont très largement vus par les Français comme participant à la diffusion d’idées obscurantistes

L’Ifop a mené en janvier, pour l’Association du Corps Préfectoral, une étude sur le regard des Français sur l’obscurantisme.
Alors que Le Larousse définit l’obscurantisme comme «l’attitude des personnes qui s’opposent à la diffusion de l’instruction, de la culture», c’est bien cette idée de manque de connaissances, de fermeture d’esprit qui s’impose en premier lieu (19% des témoignages y font spontanément référence). Viennent ensuite les univers de la religion et de l’intégrisme religieux (18%), le complotisme (15%), l’extrémisme politique (7%) ou encore les sectes (7%).

Les sectes (76%) et les mouvements complotistes (71%) sont d’ailleurs très largement perçus par les Français comme étant parcourus par des formes d’obscurantisme, devant les mouvements d’ultra-droite (62%) et les mouvements d’ultra-gauche (56%).
Si les religions en général sont associées par plus d’un Français sur deux à l’obscurantisme (56%), une hiérarchie entre les trois grands monothéismes se dégage. L’Islam est ainsi plus vue comme étant traversée par des formes obscurantistes (62%), que le christianisme (45%) ou le judaïsme (43%).

L’obscurantisme est un objet aux contours mal identifiés et qui suscite des représentations ambivalentes:
. 82% des Français estiment que c’est un phénomène contre lequel il est indispensable de lutter et 77% pensent que l’obscurantisme représente une menace sérieuse pour la République.
. Mais dans le même temps, deux tiers des sondés (65%) estiment que cette notion d’obscurantisme est utilisée pour dénigrer certaines idées légitimes.
. 45% font également preuve de fatalisme, estimant que c’est un phénomène contre lequel on ne peut pas lutter efficacement.

Voici plusieurs situations associées majoritairement par les sondés à des formes d’obscurantisme.
Par exemple : des parents qui demandent à leur enfant homosexuel de suivre une thérapie de conversion destinée à le rendre hétérosexuel; une personne religieuse qui refuse de serrer la main d’une personne de sexe opposée…

Les réseaux sociaux sont très largement vus par les Français comme participant à la diffusion d’idées obscurantistes (90% dont 59% des sondés qui estiment même qu’ils participent beaucoup), au même titre que les influenceurs sur le web (87% dont 47% «beaucoup»).

Les enseignants (66%) et la famille (67%) bénéficient d’un bon niveau de confiance pour lutter contre l’obscurantisme, quasiment au même niveau que les scientifiques (68%).
Les médias inspirent deux fois moins confiance (34%).

Méthodologie:
L’enquête a été menée en ligne du 13 au 18 janvier 2023, auprès d’un échantillon de 1502 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe,
âge, profession de l’interview(é)) après stratification par région et catégorie d’agglomération.
Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré

Emmanuel Charonnat


Ce qu’il faut retenir

. Les sectes (76%) et les mouvements complotistes (71%) sont très largement perçus par les Français comme étant parcourus par des formes d’obscurantisme

. 82% des Français estiment qu’il est indispensable de lutter contre l’obscurantisme mais 65% estiment que cette notion est utilisée pour dénigrer certaines idées légitimes

. Les réseaux sociaux sont très largement vus par les Français comme participant à la diffusion d’idées obscurantistes (90%), au même titre que les influenceurs sur le web (87%)

. Les scientifiques (68%), les enseignants (66%) et la famille (67%) bénéficient d’un bon niveau de confiance pour lutter contre l’obscurantisme, loin devant les médias (34%)


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Accès à l’étude Ifop

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