Afrique de l’Ouest : l’écosystème du mobile contribuerait à 6,5% du PIB

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Les 15 Etats d’Afrique de l’Ouest sont plus «mobiles» que le reste de l’Afrique subsaharienne

La GSMA, association internationale des opérateurs de téléphonie mobile, a publié l’édition 2018 de son rapport sur l’économie mobile en Afrique de l’Ouest.

Selon cette étude, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) présente le taux de pénétration d’abonnés (uniques) le plus élevé (47%) de toutes les Communautés économiques régionales (CER) d’Afrique subsaharienne : fin 2017, l’EAC (East African Community), la  CEEAC (Communauté économique des États de l’Afrique centrale) et la SADC (Southern Africa Development Community) présentaient des taux de pénétration de 42%, 40% et 44% respectivement, tandis que le taux de pénétration moyen de l’Afrique subsaharienne s’élevait à 44%.

 

Fin 2017, l’Afrique de l’Ouest, regroupant les 15 États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), comptait 176 millions d’abonnés uniques.
Grâce à l’extension de la couverture des réseaux mobiles à des localités jusqu’alors mal desservies et à des services et des terminaux mobiles de plus en plus abordables, le nombre d’abonnés mobiles de la région a doublé entre 2010 et 2017, avec un taux de croissance annuel moyen (TCAM) de +9,5% au cours de cette période.
Avec une évolution de +6% en 2017 et une prévision de TCAM de +4,4% jusqu’en 2025,  la région reste l’un des marchés de téléphonie mobile à forte croissance dans le monde.

Le Nigéria est le plus grand marché de la région et représentait plus de la moitié de la totalité des abonnés de la région en 2017. Les cinq marchés suivants (le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali et le Sénégal) représentaient un tiers des abonnés, les neuf pays restants se partageant moins d’un cinquième des abonnés.
Le taux de pénétration des abonnés dans la plupart des pays de la région se maintient dans la moyenne (autour de 47% fin 2017), à l’exception du Niger (31%) et du Cap-Vert (67%).
D’ici 2025, la GSMA estime que l’Afrique de l’Ouest comptera environ 72 millions de nouveaux abonnés mobiles, et le taux de pénétration s’élèvera à 54%. Le Nigéria comptera la moitié du total des nouveaux abonnés (51%), et le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Mali et le Burkina Faso complèteront le top5 des marchés présentant le plus grand nombre de nouveaux abonnés mobiles.

 

La transition vers le haut débit mobile en Afrique de l’Ouest s’accélère, notamment grâce à l’extension de la couverture des réseaux 3G et 4G, à des forfaits de données mobiles plus attractifs et à des smartphones plus abordables.
D’ici 2025, le nombre total de connexions mobiles haut débit dépassera les 400 millions, soit quatre fois plus qu’en 2017, et le haut débit mobile représentera plus de 90% du total des connexions.
Nb : les  »connexions » correspondent au total des abonnés, non dédupliqués, contrairement aux  »abonnés uniques ». 
La 5G devrait être lancée dans la région d’ici 2025, mais son adoption sera ralentie par une couverture réseau limitée ainsi que par le manque d’appareils compatibles.

 

Le nombre de connexions (ou abonnés) par smartphone a plus que doublé au cours des deux dernières années, atteignant les 112 millions en 2017, soit en moyenne 35% des connexions totales de la région. Le taux d’adoption des smartphones dans la région est relativement uniforme, le Niger (25%) et le Cap-Vert (50%) étant des cas isolés. D’ici 2025, près de 200 millions de nouvelles connexions (= abonnés) par smartphone sont prévues, le nombre de smartphones en service dépassera les 300 millions et le taux d’adoption des smartphones atteindra les 70% des abonnés.
L’adoption des smartphones sera facilitée par des terminaux plus abordables (certains à moins de 50$) et dont la disponibilité sera accrue.

 

Pour la plupart des utilisateurs d’Internet en Afrique de l’Ouest, le mobile est la première voire l’unique source de connectivité.
Le nombre d’abonnés à l’Internet mobile a doublé au cours des 4 dernières années, atteignant les 78 millions, soit près de la moitié du nombre total d’abonnés mobiles, en 2017. Toutefois, ce chiffre ne représente en moyenne qu’environ un cinquième (21%) de la population totale de la région, et moins d’un dixième de la population au Niger, au Liberia et en Guinée-Bissau. Des taux faibles en comparaison avec la moyenne mondiale de 43,2%.
Selon la GSMA, les 4 principaux obstacles à l’adoption de l’Internet mobile sont les infrastructures, l’abordabilité, le niveau de compétence numérique des consommateurs et la pertinence des contenus.
D’ici 2025, l’association prévoit que 100 millions de personnes supplémentaires souscriront un service internet mobile, et que la plupart des nouveaux abonnés se connecteront via un réseau mobile haut débit.

 

Les services financiers mobiles, en particulier ceux relatifs à l’«argent mobile», continuent à se développer rapidement en Afrique de l’Ouest.
Le nombre de comptes associés à des services financiers mobiles enregistrés dans la région a atteint les 104,5 millions en 2017, une augmentation de +20,9% par rapport à 2016. La valeur totale des transactions au cours de cette même période a atteint 5,3 milliards de dollars.
Les services financiers mobiles sont passés en Afrique de l’Ouest des transferts de fonds nationaux entre particuliers aux envois internationaux, les produits financiers sont plus complexes, et des plateformes de paiement pour produits et services sont disponibles dans un grand nombre de secteurs. Airtel, MTN et Orange font partie des opérateurs mobiles qui ont lancé des transferts d’argent transfrontaliers qui ont permis de renforcer le commerce et les échanges entre les différents pays de la région, notamment le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali et le Sénégal.
Le fait de disposer d’un compte d’argent mobile permet, par exemple, aux agriculteurs de réaliser d’autres transactions que celles relatives à leur activité agricole, comme le règlement de factures d’eau ou d’électricité, des frais de scolarité ou de santé à distance par le biais de ces services financiers numériques.

 

Le rapport du GSMA évalue également la contribution économique de l’écosystème de la téléphonie mobile, celui-ci comprenant les opérateurs de téléphonie mobile, les fournisseurs d’infrastructures, les vendeurs et les distributeurs de produits et de services mobiles, les fabricants de terminaux mobiles et les fournisseurs de contenus, d’applications et de services mobiles.

En 2017, la valeur ajoutée totale générée directement par l’écosystème de la téléphonie mobile était de 14 milliards de dollars, soit 2,5% du PIB.
La contribution indirecte (achats d’intrants aux fournisseurs, bénéfices investis dans d’autres biens et services) est estimée à 3 milliards de dollars, soit 0,5% du PIB de l’Afrique de l’Ouest en 2017.
A cela s’ajoute les effets de gain de productivité sur l’économie générale. «Les technologies 3G et 4G permettent aux employés et aux entreprises d’utiliser les services de données mobiles et les services internet. L’accès à l’information et aux services en est facilité, ce qui augmente l’efficacité des relations d’affaires dans de nombreuses industries, telles que les finances et la santé. L’impact de l’Internet mobile est particulièrement important dans les régions où les infrastructures sont insuffisantes et limitées aux grandes villes et aux zones industrielles et commerciales.», explique la GSMA qui estime à 20 milliards de dollars l’impact de l’écosystème de la téléphonie mobile sur la productivité a en 2017, soit 3,5% du PIB.

Si l’on prend en compte son impact direct et indirect ainsi que ses répercussions sur la productivité, l’industrie de la téléphonie mobile a apporté 37 milliards de dollars à l’économie de l’Afrique de l’Ouest en termes de valeur ajoutée, soit 6,5% du PIB de la région.

 

Emmanuel Charonnat


Ce qu’il faut retenir

. Les 15 Etats d’Afrique de l’Ouest sont plus «mobiles» que le reste de l’Afrique subsaharienne, avec 176 millions d’abonnés uniques (47% de la population)

. Le Nigéria représente plus de la moitié des abonnés de la région en 2017 et des nouveaux abonnés à venir d’ici 2025

. D’ici 2025, le nombre total de connexions mobiles haut débit sera multiplié par 4 et représentera plus de 90% du total des connexions (ou abonnés)

. Le nombre d’abonnés à l’Internet mobile a doublé au cours des 4 dernières années, atteignant les 78 millions, soit 21% de la population totale de la région

. Services financiers mobiles : 104,5 millions de comptes en 2017 (+21% vs 2016) pour un montant total des transactions atteignant 5,3 milliards de dollars

. L’écosystème du mobile contribuerait à 6,5% du PIB : 2,5% directement, 0,5% indirectement et 3,5% grâce aux gains de productivité


Lire aussi :

La 5G se développera plus vite en Amérique du Nord et en Asie qu’en Europe (juin 2017)

Cinq insights sur l’émancipation des femmes africaines (juin 2017)

Moyen-Orient et Afrique : entre fragilité et espoir (oct. 2016)

Dix insights sur la consommation des Jeunes Africains  (juin 2016)

Le mobile au cœur des tendances Techno, Médias et Télécoms en Afrique (février 2016)


Accès à l’étude du GSMA  »L’économie mobile : L’Afrique de l’Ouest – 2018 »

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